Près d’une personne sur trois déclare avoir été victime ou témoin de racisme sur son lieu de travail. Ce mal pourtant identifié depuis longtemps existe encore, et a bien du mal à disparaître.
Selon une étude du site Glassdoor, 28% des salariés auraient déjà fait l’objet ou auraient été témoins d’attitudes ou remarques discriminatoires. Ce chiffre effarant est pourtant le reflet d’une réalité : le racisme est toujours systémique dans les entreprises françaises.
Ainsi, la mésaventure de Appolinia, antillaise de 20 ans, à qui on a prononcé les mots « Vos tresses, c’est joli, mais ça ne passera pas » lors d’un entretien avec une agence d’intérim pour un poste de réceptionniste. La jeune femme les avaient pourtant auparavant attachés en chignon, s’attendant à ce type de remarque.
Croissance ou consciences éveillées ?
Selon une autre étude menée par le plateforme de recrutement QAPA auprès d’employés et d’employeurs, 65% des individues estiment que la discrimination raciale au travail est davantage présente aujourd’hui qu’auparavant. Le lancement au début de l’année d’une plateforme listant des entreprises soupçonnées de discrimination à l’embauche n’a rien changé à cela (on trouvait dans cette liste des grands groupes comme Renault, Air France ou encore Sopra Steria…).
Dorothée Prud’homme, responsable des études de l’Association française des managers de la diversité explique pourtant que la sensibilisation des managers aux questions de discrimination raciale au travail progresse toutefois : « C’est une thématique qui monte , note Dorothée Prud’homme, responsable des études de l’Association française des managers de la diversité. Mais comme les managers ne sont pas formés et évalués sur leur capacité à régler ce genre de conflits, ils ont tendance à vouloir se débrouiller seuls, de peur de passer pour de mauvais managers. »
Que faire si on est confronté à des actes de racisme ?
Il est tout d’abord évident de rappeler que les discriminations passent sous le coup de la loi est sont passibles de 2 ans d’emprisonnement et de30 000€ d’amende. Mais la situation bien évidemment est plus compliquée : doit-on / peut-on refuser un poste si on a reçu des remarques raciales ? Il faut d’abord pouvoir se le permettre.
Une des solutions les pus efficaces serait donc de se rapprocher de collègues bienveillants, voir de superviseurs, de façon à alerter sur la situation et bénéficier de soutiens. Si le racisme reste systémique, il est aussi facilement attaquable publiquement. Il est utile lorsqu’on combat le racisme de demander à d’autres personnes de le faire avec vous. Seul, on risque de vite s’épuiser.
Il ne faut pas non plus adopter le comportement « c’est la faute de la victime ». Les réflexions du type « elle l’a bien cherché ou « il ne fait pas d’efforts » sont à bannir absolument. Notez précisément les actions ou remarques que vous avez subies ou observées (gestes / paroles, témoins, contexte, date…) afin de pouvoir soutenir vos propos en cas d’éventuel litige. Conservez ces notes hors de votre lieu de travail, et renseignez sur les procédures de plainte possibles.
Car les risques sont nombreux. Ne pas oser porter plainte par peur de perdre son emploi est bien entendu compréhensible, mais il ne faut pas perdre de vue que les risques peuvent être graves : agacement, burn-out… Evoluer dans un environnement de travail intolérable est quelque chose de très difficile, voire d’impossible.
Il peut être utilise aussi de jouer sur l’image des entreprises. Ces dernières se doivent de revendiquer une tolérance zéro face au racisme, et laisser de tels actes se dérouler dans leurs locaux est très préjudiciable du point de vue de l’image.
Enfin, il peut être utile de faire appel à des associations. De très nombreuses existent et peuvent vous aider à faire valoir vos droits face à de tels actes.