Alors que la réforme des retraites en préparation devrait inciter les seniors à travailler plus longtemps, ces derniers témoignent des difficultés à poursuivre une activité professionnelle passé 60 ans.
C’est une enquête de l’association Solidarités nouvelles face au chômage qui dresse ce constat paradoxal. L’allongement de la durée de vie pousse les gouvernements à demander aux seniors à travailler plus pour faire face au déficit du système des retraites, tandis que les seniors témoignent toujours des mêmes difficultés à se maintenir sur le marché de l’emploi une fois passés les 60 ans.
Selon cette étude, l’âge reste le premier handicap rencontré par les seniors sur le marché de l’emploi. Interrogés, ceux-ci estiment que c’est à partir de 50, voire 45 ans que les difficultés professionnelles liées à l’âge commencent à se faire sentir.
Du côté des employeurs
Du côté des employeurs, on met en avant les « difficultés à être managé ou à intégrer une équipe plus jeune », la « résistance au changement » ou la « faible capacité d’adaptation aux nouvelles technologies » pour justifier les difficultés d’emploi des seniors. Toutefois, selon l’étude réalisée par l’association, près de 9 seniors sur 10 déclarent être prêts à changer de fonction, 8 sur 10 sont mobiles géographiquement, et 75% accepteraient de revoir leurs prétentions salariales.
Des situations précaires
66.5% des 50-64 ans son en activité, tandis que ce chiffre chute de moitié une fois passée la barre des 60 ans. En 2018, seuls 33% des 64 – 64 ans étaient en activité en France. Il s’agit d’un chiffre en retrait de 15 points par rapport à la moyenne européenne.
De plus, les seniors sont fortement impactés par la précarité de l’emploi. Environ un senior sur quatre travaille à temps partiel (25.5%). Jean-Paul Domergue, qui a dirigé le rapport estime que « les seniors ne sont pas ou peu accompagnés au cours de leur deuxième partie de carrière. Ils sont même démotivés et se désengagent de leur carrière. Ce qui les conduit à accepter un arrangement dans le cadre d’un départ anticipé.«
Le nombre de ruptures conventionnelles, symptomatiques de ce mal-être représentent 25% des fins de contrat à durée indéterminée pour les salariés se situant entre deux et trois an avant la retraite. Ce chiffre est de 16% pour l’ensemble des salariés.
Des difficultés pour accéder à la formation
Un autre enseignement du rapport à retenir : les employeurs estiment que les seniors coûtent cher. C’est le premier frein cité par les recruteurs quand on leur demande pourquoi ils ne recrutent pas davantage de seniors.
De plus, les préjugés liés à l’âge réduisent les chances pour les seniors d’accéder à des programmes de formations, jugés comme un investissement pas assez rentable, opinion assez largement partagée toutefois par les seniors. Or, elle reste capitale pour le maintien dans l’emploi des seniors car elle permet de faire face à la « résistance au changement » ou la « faible capacité d’adaptation aux nouvelles technologies », citées lus haut comme des freins à l’emploi. D’après l’étude, 39.6% des 55-59 ans ont accès à des programmes de formation, 34.4% au-delà de 60 ans, alors qu’il se situe aux alentours de 55% pour les 25-49 ans.
Le chômage des seniors
Même si le taux de chômage des seniors reste encore inférieur à celui de l’ensemble de la population active (6.1% contre 8.5%), les périodes de chômage des seniors sont généralement plus longues. La durée d’inscription à Pôle Emploi est trois fois supérieures à celles des autres tranches de la population (673 jours pour les seniors, 211 pour les moins de 25 ans et 404 pour les 25-49 ans). Plus de la moitié des plus de 50 ans sont concernés par le chômage de longue durée (58%). A titre de comparaison, ce chiffre tombe à 42% pour les 25-49 ans. La progression des inscriptions des seniors à Pôle Emploi est deux fois plus importe que celle des jeunes (12% par an).