Les entreprises de plus de 50 salariés devront avoir calculé et publié leur index égalité professionnelle hommes-femmes avant le 1er Mars 2024. Obligation légale, l’Index de l’égalité professionnelle a été conçu comme un outil qui permet aux entreprises de mesurer les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes et met en évidence les points de progression sur lesquels agir quand ces disparités sont injustifiées. Les plans d’action pour corriger les inégalités sont une chose. Mais est-ce que tout ne commencerait pas par le recrutement ?
Les inégalités hommes/femmes dans le recrutement persistent
Selon une étude de la DARES, les positions des femmes et des hommes sur le marché du travail restent assez différenciées et les études montrent la persistance d’inégalités en termes d’emplois et de salaires à la défaveur des femmes, particulièrement les moins qualifiées et les mères de plusieurs enfants. Ces situations inégalitaires sur le marché du travail entre les femmes et les hommes résultent de différences au sein des professions et d’inégalités d’accès aux catégories socioprofessionnelles supérieures, ainsi que d’inégalités d’accès à l’emploi et à certaines professions, conduisant à ce que les femmes soient surreprésentées dans des métiers moins rémunérés que les hommes.
Même si les discriminations à l’embauche selon le genre sont rares
En moyenne, un tiers des femmes, mais aussi un tiers des hommes, font l’objet de l’intérêt d’un recruteur suite à une candidature en réponse à une offre d’emploi, selon un testing réalisé entre 2019 et 2021 par l’Institut des politiques publiques (IPP) et le bureau d’études ISM-Corum. Selon l’étude, il n’existe pas, en moyenne, de discrimination particulière à l’encontre de l’un ou l’autre sexe lors de la première phase d’un recrutement. Le taux de réponse négative est également de même niveau (17 %) qu’il s’agisse de la candidature d’une femme ou d’un homme.
Les femmes s’autosélectionnent plus que les hommes
Selon une étude LinkedIn relayée par Challenges, les femmes ont tendance à être plus sélectives dans leur recherche d’emploi… Mais surtout elles ont davantage tendance à se trouver des raisons de ne pas convenir à un poste et finissent par moins postuler que les hommes. Elles attendent d’avoir 100 % des compétences exigées avant de postuler, ce qui n’est pas le cas des hommes qui postulent plus facilement !
Les inégalités à l’entrée sur le marché du travail restent importantes
Aussi, les inégalités de genre à l’entrée sur le marché du travail persistent. A niveaux et spécialités de formation identiques, elles ont toujours moins de chances que les hommes de leur génération de trouver un emploi trois ans après leur sortie de formation initiale.
Certaines disparités demeurent :
- Les femmes ont moins de chances d’être cadres, alors qu’elles sont plus diplômées ;
- Elles sont sous-représentées dans les professions les plus rémunératrices et socialement valorisées ;
- À qualification identique, elles ont plus de risques que les hommes d’être en emploi peu qualifié ;
- Elles occupent moins souvent des responsabilités hiérarchiques.
L’index égalité, un outil pour favoriser les bonnes pratiques de recrutement
L’Index égalité professionnelle, imposé aux entreprises de plus de 50 salariés, constitue une avancée notable dans la lutte contre les inégalités de genre sur le marché du travail. Cet outil législatif ne doit pas se contenter de mettre en lumière les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes, mais doit inciter également à une introspection des entreprises sur les pratiques de recrutement qui, volontairement ou non, perpétuent ces disparités. Malgré l’absence de discriminations flagrantes à l’embauche, les études révèlent que le chemin vers l’égalité est encore long, notamment en raison de l’autosélection des candidates, qui minimise leurs chances face à l’emploi par rapport à leurs homologues masculins.
Il est donc impératif que les entreprises s’engagent activement à revoir leurs méthodes de recrutement. Cela implique de promouvoir une culture d’inclusion, de mettre en œuvre des pratiques de recrutement équitable et de soutenir les femmes dans leur parcours professionnel par des politiques internes favorisant la mobilité et l’égalité des chances.
L’enjeu est de taille : transformer le marché du travail en un espace où l’égalité professionnelle devient la norme. Cela commence, incontestablement, par le recrutement, mais s’étend bien au-delà, nécessitant une remise en question perpétuelle des pratiques au sein des entreprises. Seule une telle approche globale permettra de réaliser pleinement les ambitions portées par l’Index égalité et de construire un marché du travail plus juste pour toutes et tous.