En pleine réforme des retraites, le gouvernement a relancé mi-octobre une vague de concertation autour de l’emploi des seniors. Quatre réformes des retraites se sont succédé en France depuis le début des années 1990 : elles ont eu pour effet d’accroître mécaniquement le taux d’activité des travailleurs de plus de 55 ans. Mais en parallèle, le taux de chômage des seniors a connu une hausse rapide, de même que la proportion d’emplois à temps partiel et de CDD (Contrats à durée déterminée).
Un taux d’emploi des seniors qui progresse, mais une employabilité qui stagne
Comme le souligne une note de l’Institut Montaigne parue fin octobre, même si le taux d’emploi des séniors progresse depuis vingt ans, il reste encore en dessous de la moyenne européenne (56% contre 59%). Mais surtout, cette augmentation est d’abord un effet mécanique des réformes successives de l’âge de départ à la retraite. Selon l’institut Montaigne, les dispositifs permettant de booster l’employabilité des seniors manquent encore d’efficacité. Et nombre de préjugés freinent encore le recrutement des seniors.
L’âge reste un facteur de discrimination à l’embauche
Selon le baromètre réalisé par le Défenseur des droits et l’Organisation internationale du travail en décembre 2020, l’âge fait partie des principaux motifs de discriminations ressentis par les salariés après l’origine ou la couleur de peau, l’état de santé ou le handicap, et l’apparence physique. 10% des personnes ayant vécu une discrimination dans l’emploi, considèrent qu’elle est liée à leur âge avancé. La séniorité est d’ailleurs l’un des principaux sujets de moquerie au travail. 22% des plus de 45 ans ont déjà été concernés plusieurs fois.
Les discriminations liées à l’âge ne sont pas l’apanage des seniors. Cela vaut aussi pour la jeunesse. Selon le 14ème baromètre du défenseur des droits, plus d’un jeune sur trois (37 %) déclare aussi avoir déjà vécu une situation de discrimination dans le cadre de sa recherche d’emploi ou de sa carrière. L’âge est un critère cité par 23 % d’entre eux.
Les préjugés sur le recrutement des seniors
Du côté des recruteurs, la séniorité reste un frein au recrutement. Selon l’enquête 2022 du cabinet A compétences égales, 63 % des recruteurs admettent qu’un âge avancé constitue un frein à la présélection des candidats et à leur présentation au décisionnaire final du recrutement.
Les principaux motifs évoqués sont :
- La difficulté d’intégration dans des équipes plus jeunes
- Une faible adaptation aux nouvelles technologies
- Un temps limité restant avant la retraite
- Une santé jugée plus fragile
- Le coût pour l’entreprise
- Des soft-skills d’adaptation au changement moins marquées
Des dispositifs et des démarches volontaristes pour favoriser l’embauche des seniors
Malgré ces représentations, 6 recruteurs sur 10 proposent des candidatures de seniors à des clients qui n’envisageaient pas ce type de profil a priori. Mais seuls 21 % d’entre eux sont in fine recrutés …La bonne volonté ne suffit pas toujours en matière de lutte contre les discriminations.
Les professionnels du recrutement interrogés par l’Association A compétences Egales, pensent dans leur grande majorité (76%) qu’un dispositif légal imposant aux entreprises de recruter des seniors permettrait d’augmenter leur taux d’emploi .
Les propositions de l’Institut Montaigne pour favoriser l’emploi des seniors sont beaucoup moins radicales. Le Think Tank propose plutôt des mesures incitatives, telles que la modulation du taux des cotisations sociales patronales en fonction de l’âge du salarié ou l’instauration d’un index d’emploi des seniors sur le modèle de l’index égalité homme femme.