Tandis que le nombre de personnes en freelance a fortement augmenté ces dernières années (+145% entre 2008 et 2018), une étude semble démontrer que les grandes entreprises n’ont pas encore le réflexe de faire appel aux travailleurs indépendants.
Cette étude menée par la plateforme de Freelance Malt et Angie a été menée durant le moi de mai 2019 auprès de 11 DRH de grands groupes et de 500 freelances. L’enseignement le plus surprenant est que la grande majorité des DRH interrogés ignorent même le nombre de freelances travaillant dans leur organisation. Le recours aux travailleurs indépendants étant souvent la tâche des services des achats ou des directions métiers, on peut nuancer ce constat, mais il est tout de même le signe que les freelances ne sont pas considérés comme un sujet prioritaire pour les RH.
L’étude démontre également que les freelances sont le plus souvent perçus comme une variable d’ajustement, un moyen de combler des besoins ponctuels, plutôt que comme des collaborateurs que l’on peut installer dans la durée dans les projets de l’entreprise. Les DRH ont d’ailleurs tendance à considérer que les meilleurs freelances ont vocation à terme à intégrer les effectifs de l’entreprise.
Alors que nous citions précédemment les avantages à travailler avec des freelances, les entreprises semblent craindre la requalification par la justice du recours à des freelances en contrat de travail. La majorité des DRH questionnés par l’enquête de Malt et Angie estiment qu’en faisant appel à des travailleurs indépendants, le risque de requalification s’en trouve sensiblement accru. Les autres raisons évoquées par les DRH sont, dans un ordre de proportion décroissante, la confidentialité, la protection des données de l’entreprise et le potentiel manque de disponibilité.
Les freelances le sont par choix
Contrairement à une idée assez répandue, les freelances disent à 90% l’être par choix. Certes la situation est précaire sur la durée des missions, mais l’immense majorité des personnes interrogées s’estiment satisfaites de leur situation.
Ces derniers ont d’ailleurs des attentes importantes vis à vis des entreprises faisant appel à leurs services, signe d’une volonté de leur part de s’intégrer sur le long terme avec leurs clients (près de 2 freelances sur trois souhaitent pouvoir retravailler régulièrement avec le même client). 87% des travailleurs interrogés indiquent vouloir une relation plus suivie avec leurs clients, et classent les trois facteurs suivants comme nécessaires à une bonne collaboration :
- L’intégration au sein de l’équipe (30%)
- La possibilité d’échanger avec la communauté des freelances travaillant pour l’entreprise (20%)
- La possibilité de bénéficier de certaines formations proposées en interne (20%)
Les entreprises conscientes de leur retard
Face à la croissance du nombre de travailleurs indépendants, les entreprises sont conscientes de leur retard. Selon les DRH interrogés, plusieurs nécessités vont pousser les entreprises à faire appel à des freelances :
- La pénurie de talents sur certains métiers (développeurs, ingénieurs, designers…)
- Les nouvelles aspirations des travailleurs, de plus en plus en recherche d’autonomie et d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle et de quête de sens du travail
Secteurs très tendus en matière de recrutement et de gestion des talents, l’IT et le digital ont assisté à un rééquilibrage des forces entre employeurs et employés. Les freelances recherche des missions les intéressant (ils privilégient même cela à la rémunération d’après l’étude).