Chief Happiness Officer, Team Buildings, Baby-foot, activités en tout genre… Les entreprises multiplient les démarches en faveur du développement du bien-être au travail de leurs salariés. Apparu récemment comme s’il y avait eu une prise de conscience des entreprises, le bonheur au travail est-il réellement possible ?
Depuis quelques années, c’est un courant de plus en plus visible. Pour attirer et conserver les talents, les entreprises ont de plus en plus tendance à œuvrer en faveur du bien-être des salariés. Ces démarches peuvent prendre de très nombreuses formes (baby-foot, Chief Happiness Officer…), mais sont-elles vraiment efficaces, et contribuent-elles au développement du bonheur au travail ?
Parallèlement, 90% des actifs interrogés par une étude réalisée par le groupe MGEN avec OpinionWay (2017) ont estimé que la souffrance au travail s’était développée depuis 10 ans. 71% des actifs estiment même que leur hiérarchie ou service RH n’a pas pu identifié leur mal-être. Cette prise de conscience des entreprise arrive-t-elle donc à temps ? Pas si sûr…
Apparu surtout dans le milieu des startups et des nouvelles technologies, ou la guerre des talents a été la plus intense il y a quelques années, le bonheur au travail a surtout été pour les entreprises un argument pour attirer et retenir les talents. Sébastien, développeur informatique pour une startup du numérique témoigne : « On m’a annoncé lors du recrutement plein de bonnes intentions, le mode de vie entreprise à la cool. Horaires libres, panier de basket, ballons de foot dans le bureau… On était sur le thème Entreprise libérée. Mais une fois en poste, c’est très différent. Je n’ai quasiment jamais touché un ballon de foot. Quand aux horaires, ils étaient en pratique fixes »
Car le but premier de l’entreprise est de générer du chiffre d’affaires. Et le concept de bonheur au travail n’est souvent qu’un argument mis en avant par les entreprises. « Je suis fermement hostile à l’appellation ‘bonheur au travail’, je pense que c’est un mensonge », confie sans détour le psychologue du travail Adrien Chignard. « C’est un argument commercial et marketing malin pour faire du bénéfice (…) C’est d’une tristesse infini« . Ces techniques d’enjolivement de la réalité de la vie au travail coûte donc moins cher qu’une réelle démarche de prise en charge du mal-être des salariés, en formant les managers ou en adaptant les conditions de travail aux salariés. Aucune entreprise n’a même encore prouvée qu’une telle démarche était viable économiquement.
Le bonheur au travail par l’épanouissement
Il ne faut certes pas minimiser les effets positifs du travail, source d’épanouissement ou de fierté pour beaucoup de salariés. Si le travail ne rend pas forcément heureux, il ne rend pas non plus forcément malheureux. « Que le travail puisse être un facteur de satisfaction dans la vie, ça ne fait aucun doute. Mais faire de lui la satisfaction en elle-même, ce n’est pas donner la bonne place au travail » poursuit Adrien Chignard. Le travail serait donc un vecteur de bonheur, accompagné de beaucoup d’autres facteurs au cours d’une vie.
Mais l’entreprise aurait également tort de ne pas prendre en compte le bonheur de ses salariés, et cela pour des raisons bassement économiques. Un salarié heureux produit plus. D’où la nécessité pour les entreprises de préserver leurs salariés, d’œuvrer pour leur bien-être, tout en ne perdant pas leurs objectifs de rentabilité.
la solution serait de faire en sorte que les salariés puissent s’épanouir dans leur travail. Chaque sujet doit être abordé dans l’objectif de rendre la vie plus facile aux salariés, pour que ceux-ci puissent obtenir une satisfaction à œuvrer dans l’entreprise. Les motifs de satisfaction des salariés sont diverses, cet c’est justement pour cela qu’une politique de bonheur au travail est tellement difficile à mettre en place efficacement. Il faut pouvoir intervenir individuellement auprès des salariés, d’où l’importance de la formation des managers pour cela.
Sébastien, notre développeur informatique conclut avec beaucoup de lucidité : « Le principal problème de ma société vient du management. Je ne me vois pas ne pas travailler, et mon travail me plait. Si je peux l’exercer dans des conditions qui me conviennent, je suis capable de m’y donner à fond. Mon employeur et moi-même y trouverons notre compte. »