Les chances de retour à l’emploi sont certes plus élevées dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre. Pourtant, certains demandeurs d’emploi ont des difficultés à s’insérer sur le marché du travail. Seulement 46% des demandeurs d’emploi accèdent à un emploi dans les six mois suivant leur inscription. Très souvent, les employeurs pointent un manque de candidats qualifiés pour répondre à leurs besoins en compétences. Il est alors tentant de se former pour trouver un emploi. Une stratégie payante à tous les coups ?
Le manque de qualification, un frein au retour à l’emploi
Bien que le recrutement sans CV et les méthodes de détection des aptitudes se développent de plus en plus, les employeurs restent attachés au diplôme. Le niveau de qualification a un véritable impact sur l’accès à l’emploi. Selon les statistiques de Pôle emploi, le taux d’accès à l’emploi durable six mois après l’inscription est de 45,6% chez les demandeurs d’emploi de niveau BAC+5. Il est seulement de 31 % chez les titulaires du baccalauréat, 30,4% chez les titulaires d’un BEP/CAP et il s’effondre à 24% chez les non-diplômés. Dans ce contexte, la formation professionnelle des demandeurs d’emploi est un levier majeur pour favoriser le retour à l’emploi.
Les écarts entre les compétences recherchées et les profils des demandeurs d’emploi
Le niveau de diplôme n’est pas le seul facteur qui joue sur le retour à l’emploi. Selon l’enquête BMO, la majorité des employeurs imputent leurs difficultés de recrutement à l’inadéquation entre l’offre et la demande d’emploi. C’est ce qu’on appelle la problématique de l’appariement des compétences sur le marché du travail. Pour répondre aux pénuries de Main d’œuvre, la majorité des formations professionnelles pour les demandeurs d’emploi sont donc ciblées vers les métiers porteurs ou les métiers en tension, qu’il s’agisse des Programmes régionaux de Formation (PRF) lancés par les Conseils Régionaux, ou des formations financées par Pôle emploi. Mais quels sont les impacts réels de ces formations sur l’accès à un contrat de travail ? C’est la question que s’est posée la DARES dans une étude publiée en août 2022 portant sur les chances de retour à l’emploi après une formation.
La probabilité de trouver un emploi augmente de 9 points deux ans après l’entrée en formation
L’étude conclut à un effet estimé positif et significatif de l’entrée en première formation sur la probabilité de retrouver un emploi. Cet effet se concrétise dans la durée. Sur les six premiers mois après son entrée en formation, un demandeur d’emploi a des chances de retour à l’emploi moindre que des demandeurs d’emploi immédiatement disponibles. A court terme, l’entrée en formation réduit le temps dedié à la recherche d’emploi et le nombre d’opportunités. Six mois après, les chances de retour à l’emploi sont identiques pour les personnes formées (autour de 30%) et non formées. Celles-ci deviennent ensuite plus élevées en faveur des personnes formées. Au bout de 2 ans, la probabilité de retour à l’emploi des personnes formées est supérieure de plus de 9 points par rapport aux non-formés. La formation joue aussi sur la qualité des emplois et amoindrit les risques de chômage.
Bien choisir sa formation pour accéder à l’emploi
L’étude révèle également un impact variable selon le type de formations. Les formations longues et certifiantes, ont un moindre impact à court terme sur le retour à l’emploi, mais permettent d’accéder à long terme, plus facilement à un emploi durable. Les formations courtes, dites “d’adaptation aux postes” favorisent un retour à l’emploi plus rapide. C’est normal : les actions de formation courtes, telles que les POE, AFPR et POEC, sont souvent accolées à des offres d’emploi. L’impact de la formation sur le retour à l’emploi varie aussi selon le profil du chercheur d’emploi. Plus ce dernier est éloigné de l’emploi, plus l’impact de la formation est significatif. Bien souvent, se former permet non seulement d’acquérir des compétences, mais aussi de (re)tisser un lien avec le monde du travail et se créer un réseau professionnel.
Le type de métier ciblé par la formation ne fait pas partie de l’étude de la DARES, mais joue certainement pour partie dans le retour à l’emploi. Pour bien choisir sa formation, une analyse de son projet et des opportunités du marché du travail reste essentielle, au-delà de la recherche d’une qualification.