Le 07 juin dernier, les 38 ministres du Travail membres de l’Organisation de
coopération et de développement économique (OCDE) se sont réunis à Paris sous la
houlette du ministre du travail britannique. L’objectif : échanger sur les
enseignements de la gestion de la crise du COVID-19 et ses impacts sur le marché
du travail. La précédente réunion de l’organisation internationale sur le sujet de
l’emploi datait de… 2016 ! La réunion du 07 juin était donc très attendue des acteurs
de l’emploi et de la formation. Voici ce qu’il faut en retenir.
L’OCDE et les politiques d’emploi
Créee en 1960, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) regroupe 38 pays membres, des pays riches et industrialisés comme l’Allemagne, la France, les Etats-Unis ou encore le Canada. L’OCDE est d’abord un espace d’échanges d’informations et d’analyses pour comparer les expériences des Etats membres en matière de développement économique. L’organisation internationale est à la fois indépendante du système des Nations unies et de celui de l’Union européenne. Elle adopte de grandes orientations en matière de politiques publiques. Les préconisations de l’OCDE en matière d’emploi n’ont pas de caractère juridiquement contraignant pour les Etats Membres. Mais son influence est grandissante depuis ses 60 ans d’existence. Bref, l’organisation internationale peut faire bouger les lignes, et notamment en ce qui concerne les politiques d’emploi nationales.
Les orientations des membres de l’OCDE en matière de politiques d’emploi
À l’issue de la réunion du 07 juin, les États membres ont adopté une déclaration commune intitulée “ Surmonter la crise du COVID-19 et améliorer le fonctionnement du marché du travail, au service de tous “. Elle fixe les grandes orientations stratégiques en matière de politique d’emploi adoptées par l’ensemble des Etats membres, dont la France. Voici les principales priorités exprimées.
Aller simple vers marché du travail plus inclusif
La reprise doit profiter à tous. L’OCDE prône un marché du travail plus ouvert aux jeunes sortis sans diplôme du système scolaire, plus juste et équilibré vis-à-vis des femmes, plus inclusif vis-à-vis des minorités ethniques, raciales ou sexuelles, ainsi que des personnes en situation de handicap. Pour que ces ambitions ne restent pas de belles promesses, l’OCDE encourage les actions concrètes en matière de rapprochement et d’intégration des services de l’emploi et des services sociaux et d’enseignement, mais aussi la poursuite du développement de l’apprentissage et des aides ciblées sur les jeunes. En matière de diversité, l’OCDE entend lutter contre les discriminations tout en accompagnant les entreprises pour rendre les lieux de travail plus inclusifs et accessibles à tous.
Priorité à la durabilité et à la résilience des emplois
L’OCDE met également l’accent sur la création d’emplois de qualité, notamment dans les activités et les secteurs durables comme la santé, l’accueil et l’éducation. Les États membres souhaitent accompagner par la formation professionnelle la transition vers une économie bas carbone qui s’appuie sur les nouvelles technologies numériques.
Quelques balises pour ouvrir la voie au travail de demain
Le dernier point soulevé par les membres de l’OCDE est celui des nouvelles formes d’emploi. Entre essor du télétravail et développement des modalités atypiques de travail, les gouvernements entendent profiter de ces nouvelles agilités tout en veillant à ce que “les droits et les normes du travail (notamment celles qui touchent à la santé et à la sécurité au travail) soient préservés et appliquées”. Enfin, les travailleurs indépendants feront l’objet d’un travail particulier, pour “ combler les lacunes des systèmes de protection sociale” actuels des pays membres afin de leur offrir une couverture adaptée.
L’emploi des jeunes en Afrique, l’autre défi de l’OCDE
A quelques jours de la réunion des ministres du Travail, l’OCDE organisait le 10 juin le 21ème Forum économique international sur l’Afrique, sous le thème “L’Afrique et le nouvel ordre économique mondial”. Avec 30 millions de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail, l’Afrique pouvait compter, avant la crise du COVID-19, sur un taux de croissance économique de 5 % pour leur trouver des débouchés professionnels. Mais la crise sanitaire a fait perdre 20 millions d’emplois sur le continent africain. Et la guerre en Ukraine n’arrange rien. Comme le souligne Christian Yoka, directeur du département Afrique de l’Agence française de développement dans une interview accordé à Franceinfo Afrique, le redémarrage de l’activité va demander un accompagnement puissant de la communauté internationale, mais aussi des politiques d’emploi et de formation adaptées pour accompagner cette arrivée massive des jeunes sur le marché du travail. Et, surtout pour accompagner le développement des compétences nécessaires pour les filières stratégiques en Afrique que sont l’Agriculture, le Numérique et l’Energie.
En Europe comme à l’international, les politiques d’emploi de demain devront donc conjuguer agilité et sécurité, soutenabilité et développement, croissance et inclusion. Un véritable exercice d’équilibriste à suivre de près.