Au vu des tensions qui existent actuellement sur le marché du travail, de nombreux recruteurs innovent pour attirer les candidats. Recrutement sans CV, CV vidéo, gamification, sourcing intégrant les méthodes du growth hacking : les nouveaux outils de recrutement ne manquent pas. Mais quelles sont leurs avantages côté recruteur et côté candidat ? Tour d’horizon.
De nouveaux outils de recrutement d’abord conçus pour les recruteurs…
Selon une enquête sur les usages des outils numériques par les recruteurs menée par des chercheurs en sciences de l’information et de la communication, les outils numériques sont d’abord appréhendés par les recruteurs comme une source de gain de productivité. Face au risque de dispersion, les logiciels de gestion des viviers tels que les ATS (Applicant Tracking System), les extensions de navigateurs dédiées au sourcing (Hunter, Leadmine…), les chatbots ou encore les outils d’automatisation inspirés du Growth hacking sont autant de manières de générer et de traiter des flux importants de candidatures tout en gagnant du temps. Cette approche par le volume, permet de générer des milliers de candidatures par internet. Grâce au développement de l’intelligence artificielle, les algorithmes de matching permettent d’analyser les CV et de voir en quelques secondes s’ils correspondent au poste à pourvoir. Ces outils permettent de gagner du temps sur la phase de présélection des candidats, notamment pour les entreprises qui reçoivent un grand nombre de CV.
Ces nouveaux outils de recrutement génèrent néanmoins des dommages collatéraux côté candidat. Les propos de l’un des recruteurs interviewés dans cette étude à ce sujet sont éclairants : « C’est pour ça qu’on a créé des systèmes qui rendent les processus plus difficiles. Pas difficiles pour sélectionner, difficiles pour fatiguer : on met 30 minutes à remplir un formulaire. » Au chercheur de conclure : “l’outil est ici détourné pour limiter le flot de candidatures en complexifiant la tâche du candidat.”
Nouveaux outils de recrutement : qu’en est-il de l’expérience candidat ?
Faut-il en conclure que les nouveaux outils de recrutement font gagner du temps aux recruteurs mais perdre celui des candidats ? On peut se poser la question lorsque l’on voit se multiplier les dispositifs de présélection tels que QCM à rallonge, CV vidéo, ou entretien vidéo différé. Les recruteurs obtiennent une shortlist ultra-qualifiée, mais pour les candidats, ces outils peuvent s’avérer chronophages. Ces derniers n’ont d’ailleurs pas toujours les compétences nécessaires pour s’approprier les outillages, par exemple lorsqu’il s’agit de monter un CV vidéo.
Selon un sondage mené l’été dernier par Externatic, les candidats déplorent d’ailleurs le manque de contact humains dans les process de recrutements actuels. Les 4 premiers éléments cités qui font un bon process de recrutement selon les candidats sont la transparence, l’échange avec les équipes, la bienveillance et l’écoute. A l’inverse, trop de tests et d’outils « sans contacts » nuisent à l’expérience candidat.
Des outils conçus pour simplifier les processus de candidature
Heureusement, les nouveaux outils de recrutement ne sont pas au seul service des recruteurs. Pôle emploi a rassemblé au sein de l’emploi store de nombreuses applications qui permettent aux candidats de gagner du temps pour préparer leur candidature. Match Your Talents permet de réaliser une carte de visite vidéo en quelques minutes. Memo est un service de Pôle emploi qui permet de rassembler toutes ses candidatures à un seul endroit. MakemyCv permet de générer CV et lettre de motivation en ligne en quelques clics. Ces outils d’aide à la recherche d’emploi sont une aide précieuse pour gagner du temps sur la forme et se concentrer sur le fond de sa candidature, tout en se démarquant des autres candidats.
Recrutement avec ou sans CV : ce qui compte c’est l’humain !
Les candidats qui redoutaient l’épreuve du CV et de la lettre de motivation trouveront-ils satisfaction dans le développement du recrutement sans CV ? Pas si simple. Le recrutement sans CV permet de faire émerger des profils atypiques et de diversifier son sourcing. Mais le process peut s’avérer toujours aussi fastidieux côté candidat, s’il nécessite de remplir de longs questionnaires pour faire émerger les fameuses compétences transférables.
Là encore, l’humain prend toute sa place pour intégrer l’outillage RH dans un process de recrutement gagnant-gagnant entre recruteurs et candidats.
Comme l’explique Laurent Arnaud, président du collectif #JeNeSuisPasUnCV, dans une interview accordée à Welcome To the Jungle, remplacer le CV par un QCM n’a pas de sens car cela ne permet pas toujours de créer les conditions d’un véritable échange autour des situations d’apprentissage rencontrées par le candidat. Au sein de son cabinet de recrutement, ce dernier privilégie l’entretien exploratoire en face-à-face au questionnaire à distance. « On demande au candidat de nous raconter son récit d’expériences, c’est-à-dire de parler de sa vie, personnelle et professionnelle et d’identifier quelles compétences il a pu développer et mobiliser à cette occasion, explique-t-il. Ces compétences sont ensuite présentées aux entreprises de manière anonyme. Libre à elles de proposer aux candidats des opportunités professionnelles. »
Bref, le recrutement n’est pas qu’une affaire d’outillage, c’est d’abord une affaire de rencontre.